Madame

• Voici un poème extrait du poème Le Pavillon Mélancolique, tiré de la partie "Vaines, amours vaines".

                                                    Madame

Madame... Un soleil dans ma vie qui m’appela au vide... Madame

Tous ces mots sans parure qui ne sont plus miroirs,

qui s’éteignent en cette nuit de toi...

Aujourd’hui, privé de ta rumeur,

je suis l’œil hagard qu’épouvantent les étoiles.

Hagard devant l’immonde monde à venir.

Aujourd’hui le temps se lève.

Le vent et les cendres et les navires

m’apportent l’illusion d’oubli.

Madame,

les chants que j’entends dans le silence,

l’ondoiement arraché au passé,

toi que je crois toujours présente…

C’est comme, vainement, refuser de mourir.

Madame...

Le Soleil est gris, est noir, est mélancolique

Le Soleil s'affaisse chaque jour... et ne se relève pas

Le soleil, ma plume se brise et ne se refait plus.

Et ton absence, le froid et les nuits, m’engourdissent lentement.

Ce poème est-il le genre de poème que Les Poètes Maudits aiment et / ou écrivent ?
 

Comments

[lepharedesmots]

Il n'est pas "du genre", il est, et c'est ce qui importe. Quand Verlaine a écrit "Les poètes maudits", citant une liste non exhaustive, bien sûr, il se référait à son temps. Ce qui est
terrible, à notre époque,  c'est qu'on ne parle plus de l'âme, on parle du psychisme et de ses maux... Je veux dire par là que le "poète maudit" est le poète qui exprime les tourments de son
âme ("maudit", dire son mal) à un point tellement fort que le lecteur en est troublé, heurté, déboussolé dans ses certitudes. C'est une douleur qui fait vaciller, voire s'effondrer, les
certitudes confortablement assises. Voilà pourquoi les poètes maudits inquiétaient. Aujourd'hui on s'inquiète peu, ou pas, on distribue du Prozac et du xanax aux empêcheurs de s'illusionner en
rond. Nous vivons dans une société hygiéniste et sécuritaire, sans même s'en inquiéter outre mesure... Ton poème est très fort et beau. 

[lepavillon-melancolique]

Bonjour,


merci beaucoup pour ce commentaire si riche et plein de culture. Il est beau de ne pas oublier ce qui a fait la richesse de notre héritage littéraire.


Tu as raison, en général nous avons peur de ce qui inquiète, de ce qui met à jour le mal et la souffrance et nous préférons nous abrutir plutôt que réfléchir...


Si tu n'as pas peur d'être inquiétée rendez-vous sur mon prochaine article de la communauté.